Confinement, poisson d’avril !

, par  Sandrine , popularité : 5%

Aujourd’hui c’est le premier avril !

Sandrine raconte :

Ah, chouettos ! Comme chaque année on va voir apparaitre des armées de poissons, souvent blancs avec des yeux ronds, des queues plus ou moins grandes et pas d’écailles. Comme chaque année nos enfants vont nous enlacer tendrement, je t’aime maman, et encore un câlin maman, oh, t’es la meilleure. Mmmmh, ils sont adorables, ils sont si mignons. Et chaque année on prend cet air étonné, presque candide : oh mais c’est quoi sur mon pull ? mais... mais, qu’est-ce que j’ai dans le dos ? Ohhhh, des petits poissons tout blancs ! Mais, mais comme c’est mignon !! c’est vraiment trop chou ! Oh mais, mon chéri, toi aussi tu as des cadavres en papier qui pendouillent sur ta veste ! Tu as dû avoir vraiment plein, plein de câlins ce matin car c’est carrément un banc de poissons qui traverse ton dos !

Bon alors cette année, confinement oblige, nous les parents de cette maisonnée, on a décidé de leur faire une bonne blague à nos enfants.
On y a pensé dès la veille, en allant se mettre au lit on rigolait comme des baleines. On imaginait déjà leur visage décomposé quand on allait leur annoncer la nouvelle ! On avait vraiment hâte de les voir blêmir, bégayer, râler (mais oui bien sûr on adore ça, les entendre rager !)... On a même passé un coup de fil quand ils étaient au lit pour préparer notre sale coup !

Alors voilà, le matin vers 9h 30, le copain qui est dans le coup nous téléphone pour nous demander de l’aide. Il a une petite ferme avec quelques vaches et à cause du confinement son stagiaire et son employé ne peuvent plus venir l’aider ! Il est littéralement DANS LA MERDE ! Il a besoin de ses amis pour l’aider à nettoyer l’étable, à enlever les bouses et les mettre sur le tas de fumier, et il faudra aussi venir traire les vaches le lendemain matin à 7 heures.

Heureusement que nous sommes de bons amis, évidemment qu’il peut compter sur nous ! On réunit les enfants et on leur explique que là, c’est une question de solidarité entre voisins et amis. A ce moment il y a quand même un léger flottement mais on ne leur laisse pas le temps de réfléchir ! Allez, on est 6, ça ira vite à 6 ! Enfilez vos bottes, Y.compte sur nous, les veaux et les vaches ont besoins de nous.

Ça râle sérieusement pour certains mais pas pour tous, étonnamment (d’ailleurs c’est un peu décevant, on pensait vraiment créer un ras de marée de mécontentement, mais on doit se contenter de grosse houle un jour de grande marée).
Avant de partir, chacun doit écrire son autorisation spéciale de sortie, ce qui fournit une occasion supplémentaire de mécontentement : " quoi ? Mais non il faut écrire en plus ? Et on comprend rien à ce qu’on écrit, et puis ça prend trop de temps ! Nous, on se regarde avec un petit sourire au coin des lèvres pendant qu’ils enragent...
Allez, feu, on y va mais on ne prend pas la voiture les enfants, non, nous sommes 6 et il n’y a que 5 places ! Désolés mais il faut y aller à pied, en bottes. Ce n’est pas si loin, il n’y a que 700 mètres de côte à monter, après c’est à gauche et on arrive.

Ça y est on y est ! Le copain arrive, je lui dis : "Alors t’es dans la merde ?" et là, il me regarde et il me dit : "Ben non pourquoi ?", et moi : "Ben si, t’es dans la merde, tu nous as appelé hier soir !" "Oui, oups, pardon ouaip, c’est franchement la merde ! " (quel nigaud, il a bien failli nous griller !).
"Allez je vous montre où ça se passe". Les enfants font connaissance avec leurs nouveaux amis les veaux, et leurs outils de travail, des fourches, la brouette, le tas de fumier. C’est surtout le plus grand qui blêmit : " ah non, c’est mort, moi je fais pas ça, ah non, y a pas moyen, c’est mort, je préfère encore rentrer du bois !
Ok, pas de problèmes lui dit Y, j’ai tout un tas là-bas. Pendant ce temps les plus jeunes ont commencé à manier les fourches et déplacent de jolies petites bouses.

Bon, on ne les a pas laissés mariner trop longtemps, c’est Y Qui a fini par leur dire que c’était une blague. Au début ils n’ont pas compris... Mais une fois qu’ils ont compris que c’était une blague, ils étaient complètement vénères et nous ont promis une terrible vengeance, et nous ont même dit qu’ils nous détestaient !
Pour parfaire le tableau, on leur a dit qu’on allait rentrer par la forêt, que c’était mieux car on avait dépassé l’heure autorisée de sortie. "C’est juste un peu plus long" (c’est juste bien plus long mais tellement plus agréable !). On a quand même bien rigolé sur le retour, c’était un super premier avril !